10 February 2006

ALONE IN THE DARK - THE WORTH NIGHTMARE FOR THREE COMPOSERS


C’est en 1992 qu’Infograme sort chez Atari le premier opus du jeu vidéo Alone in the Dark. Ce sont les nouvelles de l’écrivain américain Howard Phillips Lovecraft, (considéré comme l'un des pères de la littérature fantastique et d’épouvante du vingtième siècle) qui vont inspirer les concepteurs du jeu. La même année, il remporte plusieurs récompenses en France et au Japon, dont le Tilt d’or du meilleur jeu d’aventure. Alone In The Dark est le premier opus d’une longue lignée (le cinquième est en développement) du genre Survival Horror, dans lequel le joueur est plongé dans un univers hostile. Et tout comme les saga qui s’en sont inspirées (Resident Evil et Silent Hill), Alone In The Dark se voit lui aussi bénéficier d’une adaptation cinématographique.
Mais si le cinéaste Uwe Boll n'en est pas à sa première adaptation de jeu vidéo (ayant déjà à son actif celles de House Of The Dead en 2003 et Blood Rayne en 2005 pour lesquels il fut producteur et réalisateur), il n’en est pas de même pour les trois compositeurs qui ont travaillé sur ce projet. Une première expérience dans le monde de la musique de film qui ne ressemble pas vraiment à ce que l’on peut lire d’habitude dans Cinefonia. Si le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions, les trois compositeurs Allemands Oliver Lieb, Reinhard Besser et Peter Zweier en ont fait les frais.






LE MAL SORT DE L’OMBRE






Messieurs, pouvez-vous nous présenter votre parcours avant d’arriver sur le projet d’ALONE IN THE DARK ?

Reinhard Besser J’ai étudié la guitare classique à FranCBort. A vingt ans je démarrai ma carrière de professionnel. J’ai joué dans divers groupes, et à la fin des années soixante dix, j’ai commencé à travailler comme musicien de studio. J’ai joué de la guitare et de la basse pour des centaines d’enregistrements, beaucoup de tubes, pour Boney-M, Supermax... Au début des années quatre vingts, j’ai fait une tournée aux Etat-Unis avec le chanteur Tony Carey, l’ancien joueur de synthétiseur de Richie Blackmoore et j’ai fait la première partie de la dernière tournée européenne de Queen, avec le groupe Craaft. En 1985 j'ai ouvert mon premier studio d'enregistrement à FranCBort et j’ai produit des jingles publicitaires, de la pop-music et de la musique de films.


Peter Zweier J’ai commencé lorsque j’avais 12 ans à jouer de la batterie, et à la fin des années quatre vingts, je me suis beaucoup passionné pour les synthétiseurs, les boites à rythmes, les samples et les séquenceurs. J’étais fasciné par les nouveaux sons et toutes les possibilités qu’ils offraient. A partir de 1989 j’ai été impliqué dans différents techno projets comme Klangwerk et en 1991 LDC. Puis en 1992, Torsten Fenslau avec qui j’avais travaillé sur Klangwerk m’a proposé de produire et composer avec lui l’album Serenity.
Après plusieurs années, un grand nombre de remix et les grands bouleversement de l’industrie du disque (téléchargements, logiciels de gravure…), j’ai eu envie de faire quelque chose dans la musique de film.


Oliver Lieb J’ai été dans la musique électronique et dans la production avant d’avoir 20 ans. Tout m’intéresse en la matière : Techno, House, Electro. Au cours de ma carrière, j’ai eu le plaisir de produire plus de 200 singles avec des remixes pour Faithless, Moby, Snap, Yello, Mory Kante.



Comment êtes-vous arrivé sur le projet d’ALONE IN THE DARK ?
RB) C’est mon studio d’enregistrement de l’époque Herold & Besser qui a été choisi pour faire le montage audio. Nous travaillions depuis plusieurs années avec Uwe Boll et nous avons fait le montage audio final de tous ses films. Au début, nous nous occupions juste du son et du mixage. En 2002, j’ai commencé à écrire la musique de ses films, BLACKWOODS d’abord, suivi en 2003 par HEART OF AMERICA et HOUSE OF THE DEAD. A l’époque, j’ai pu disposer d’une grande liberté, pour composer ce qui me semblait être le mieux pour le film. Pour la musique d’ALONE IN THE DARK, la situation a changée lorsque mon associé, Herold, a commencé à interférer systématiquement sur tout ce qui concernait l’aspect musical, ce qui a conduit a une baisse de qualité de la musique.

PZ) J'ai reçu quant à moi un appel de la société de post production allemande qui m'a demandé si j’étais intéressé pour composer ce qu’ils appelaient une partition pop (Pop score).



La musique du film est-elle liée d’une façon ou d’une autre à celle du jeu ?
RB) Nous avons écouté la musique du jeu, mais nous avons trouvé que ce n’était pas exploitable dans le film. Alors nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau et de différent.

OL) Je suis un véritable accro des jeux vidéos et je peux vous répondre catégoriquement : non ! Il n’y a eu aucune intention de la part du réalisateur ou du producteur d’aller dans ce sens… Je pense que pour de bon scénarios ou de bonnes musiques, c’est un jeu trop démodé, comparé à ce qui pourrait se faire actuellement comme par exemple des jeux comme : Max Pain, Deus Ex ou encore Quake 4 qu’il serait bien plus intéressant d’adapter au cinéma !



Pourriez-vous nous décrire votre vision du film ?
OL) Lorsque j’ai vu le film ce n’était qu’une version préliminaire, sans effets spéciaux. Il ne paraissait pas excellent, mais comme point de départ cela paraissait intéressant.
Nos perceptions à Peter et à moi (dans la mesure où nous travaillions ensemble) étaient complètement différentes de ce qu’il en est maintenant…Chaque idée un peu novatrice à été bloquée par la production. Et le résultat final ne correspond pas du tout à ce que nous avions l’intention de faire.

RB) Pour être honnête, je pense que ce film n’est pas un candidat aux Oscars, c’est simplement un film d’horreur, sans réelle intrigue.

PZ) À mon sens ce film ne présente aucun intérêt! Mais cela m’aura toutefois permis d’acquérir une expérience en musique de film.





Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?


Quelles consignes avez-vous eues de la part du réalisateur?
RB) Malheureusement le réalisateur Uwe Boll n’a pas donné l’impression de s’occuper vraiment de l’aspect musical. Il a laissé la supervision musicale au co-producteur, mais ces gens n’ont pas les compétences pour prendre en main ce type de travail de manière professionnelle. J’ai souvent du changer ma musique, après leurs réunions, et il a été très frustrant pour moi d’aller dans une direction, qui me paraissait mauvaise. Ainsi le résultat aurait pu être bien meilleurs, si j’avais pu travailler directement avec Uwe, parce que lui comprend mon approche musicale des scènes.


On peut entendre différents styles de musique dans le film : techno, symphonique, « Mediaventures ». Comment ont-ils été organisés ?
RB) Mon travail a été d’écrire, arranger, enregistrer et produire la partie orchestrale de la musique. Avant de démarrer, Peter Zweier et moi avons discuté avec le co-producteur de quelles scènes devaient avoir une musique symphonique avec orchestre, et celles qui auraient une musique Pop. Alors, nous avons commencé à travailler chacun de notre coté, sur des démos, et nous nous rencontrions régulièrement pour écouter ce que l’autre équipe avait composé. Le problème, c’est que cette organisation a été perturbée par le producteur et le superviseur musical. Toutes les équipes, y compris celle des designer sonores ont commencé à se mettre en colère et a être perturbés devant l’attitude et le manque de professionnalisme de ces gens. Malheureusement Uwe Boll est resté en dehors de tout cela. J’ai pu lui en parler plus tard, il m’a dit qu’il ferait plus d’efforts dans ce sens pour ses prochains films.
Dans mon studio, nous avons finalisé la post production audio, incluant aussi les effets spéciaux, le bruitage, et le mix THX.

PZ) Oliver Lieb et moi-même avons été chargés de la partie électronique de la musique du film. Nous avons travaillé comme une équipe. Nous avons par exemple composé le thème principal le Slaters Theme. Nous avions aussi des contacts très réguliers avec Reinhard qui lui, était chargé de la partie classique.



Quelle a été votre posture face à cette situation ?
RB) Il y a beaucoup de scènes longues, ou des gens courent à travers des tunnels pour résoudre des énigmes. Sans la musique, cela aurait été encore plus ennuyeux, très plat. Alors j’ai essayé de mettre de la tension dans ces scènes en utilisant des loops ethniques et des sons orchestraux mystérieux. Par exemple, j’ai utilisé des instruments ethniques comme la flûte ou les percussions pour créer une ambiance particulière. Cela a été très difficile d’en arriver là, car le prétendument nommé « superviseur musical » n’avait pas la moindre idée de ce qu’il faisait, en bloquant souvent nos bonnes idées ou encore en conduisant la musique dans une mauvaise direction. La plupart des scènes d’action sont accompagnées de musique Pop, parce que cela semblait mieux convenir. D’autres scènes qui se déroulent à l’extérieur ont des sonorités orchestrales typiques de films d’action. Nous avons essayé de différencier les musiques pour donner plus d’emphase selon que l’action se déroulait en intérieur ou en extérieur. La musique que l’on peut entendre dans le film est le résultat d’une multitude de compromis. Nous avions enregistré beaucoup de musique symphonique et de beaux morceaux d’ambiance ce qui aurait rendu la partition plus signifiante. Malgré cela le superviseur de la musique et le co-producteur ont préféré leurs propres mauvaises idées.

Sur l’édition DVD, c’est Berndt Wendlandt qui est crédité comme compositeur. Quel a été son rôle?
RB) D’après ce que je sais, Berndt Wendlandt a simplement rajouté certains sons au clavier après que Peter, Oliver et moi-même avons fini la production. Nous n’avons jamais travaillé avec lui. L’information qui figure sur le DVD est mauvaise.


Que vous a apporté, dans votre carrière, cette première expérience de composition de musique de film ?
OL) A l’époque de la production d’ALONE IN THE DARK, je pensais vraiment m’installer à Los Angeles et devenir compositeur de musiques de films. Mais après cette première expérience, et ce que j’ai pu découvrir des coulisses d’un tournage je suis sûr maintenant d’une chose : je n’ai plus aucune envie de travailler avec des producteurs et réalisateurs égocentriques et arrogants!

Dans quelles conditions avez-vous travaillé?
RB) Nous étions nous même plein de tensions, de stress et d’angoisse durant notre travail sur ce projet, parce qu’Herold a terriblement manqué de professionnalisme. Cela nous a mené vers un procès car nous n’avons pas été payés. Je me suis aussi séparé d’Herold, qui n’est plus mon associé depuis. J’ai quitté mon studio et j’en ai crée un nouveau. Le nouveau est bien plus grand, avec cinq studios d’enregistrement, nous sommes bien plus créatifs et nous travaillons dans une tellement meilleure ambiance! Nous nous amusons beaucoup de nouveau et cela est très important pour rester créatif.



Il n’y a pas eu d’album de la musique du film, savez-vous pourquoi ?
OL) Je ne le sais pas… Je pense que les responsables ne savaient pas comment produire des bandes sons. Rien qu’en voyant ce qu’ils ont fait du film, je ne préfère pas imaginer ce qu’ils auraient pu faire avec un album !

Qu’est ce que vous souhaitez rajouter concernant cette expérience?
OL) Comme la plupart des personnes impliquées, je ne peux rien dire de positif concernant ce travail. Alors que nous en étions au beau milieu de la production, il nous a été proposé soit de travailler en étant moins payé que convenu, soit de prendre la porte. Et de toute façon, nous attendons toujours d’être payés. A l’évidence producteur-réalisateur du film, cherchait des gens qui s’impliqueraient dans un projet à moindre coût. Je trouve qu’ils sont allés trop loin dans leur arrogance, et dans leur prétention d’en savoir plus que les gens du métier. C’est une honte que des gens comme lui, aient pu utiliser l’argent et le talent des autres pour satisfaire leurs caprices sur un film qui n’intéressera finalement pas grand monde. Ils auraient mieux fait de jouer et de faire leur musique eux-mêmes.

RB) Boll n’a jamais payé GEMA. J’attends toujours ma paye. Lorsque vous travaillez avec Wolfgang Herold, il vaut mieux demander à être payé d’avance. Je ne travaillerai plus jamais pour lui.

PZ) Travailler sur ce film a été pour nous la pire expérience de notre vie !


Pouvez-vous nous parler de votre actualité?
RB) Quitter mon studio et me séparer de mon ancien partenaire-associé m’a demandé beaucoup d’énergie, l’année dernière. J’ai finalement ouvert le nouveau studio en novembre dernier. Depuis nous travaillons pour un grand nombre d’annonceurs publicitaires comme BASF, Goesser, Ehrmann, Ford, Opel…). J’ai terminé d’enregistrer la musique d’un documentaire très intéressant Breaking The Rules .

OL) Depuis juin 2005, j’ai crée deux nouveaux labels : le premier s’appelle Maschine, et peu après un second que j’ai nommé Monofleur. Je travaille actuellement sur l’élaboration de nouvelles sonorités minimalistes. Un tout nouvel album publié par Maschine vient d’ailleurs de sortir. Il s’appelle Rekleiner. Les deux premiers albums de Monofleur, étaient consacrés, l’un aux hollandaise de 16bit lolitas et l’autre à Jimmy van M. Le troisième Every était de moi. Actuellement je suis en train d’organiser les prochaines sorties de disques pour le reste de l’année et de travailler sur un prochain album pour Maschine qui devrait sortir fin octobre. Par ailleurs j’ai démarré récemment une émission de radio mensuelle sur internet sur www.protonradio.com. Cela s’appelle Maschine Sounds, et j’y présente des trucs que j’aime, les dernières nouveautés de mes labels et les mixes de mes amis…



ALONE IN THE DARK - LE MAL SORT DE L'OMBRE



Nationalité : USA - 2004
Titre original : AONE IN THE DARK
Genre : Fantastique
Réalisation : UWE BOLL
Avec : CHRISTIAN SLATER STEPHEN DORFF TARA REID
Musique : BERN WENDLANDT
Public : Certains scènes peuvent heurter la sensibilité du jeune public
Durée : 95 minutes
Disponibilité : DVD
24 May 2006
Prix public conseillé :
Prix: 19,99 Euros

Synopsis :
Lorsque son meilleur ami trouve la mort sur l'île de shadow Island, située au large de Boston, le détective Edward Carnby, spécialisé dans le paranorma, décide de mener sa propre enquête. Pour cela, il fait équipe avec Alice Cédrac, une brillante anthropologue, experte en langues anciennes. la clé de l'énigme se trouverait sur de mystérieuses tablettes gravées d'inscriptions non déchifrées à ce jour. une découverte qui va bientôt orienter leurs investigations vers l'existence de créatures de l'ombre sur le point de conquérir le monde...


Caractéristiques techniques DVD

DVD 9 - Zone 2 - PAL
Format image : 2.35 - 4/3 , couleurs
Audio : Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 5.1

Sous-Titres : Français
Suppléments :
Les coulisses du tournage: Du virtuel au réel. L'art d'adapter un jeu vidéo au cinéma.

Les effets visuels: la création d'un environnement futuriste en images de synthèse (9 min - vost)

Comparaison des storyboards: avec deux séquences du film dont la poursuite.

Une séquence animatique: la création d'une animation par ordinateur.

Six vidéo clips 'Heavy metal' (23 min) dont ' I wish I had an angel'FreeCompteur.comFreeCompteur Live

THE DEVIL’S REJECTS - WE’LL BE BACK FOR YOU… Entretiens avec TYLER BATES et ROB ZOMBIE


Pour un film de Rob Zombie, on ne pouvait s’attendre à autre chose qu’un Road movie, bien trash et bien sanglant. Ainsi, THE DEVIL’S REJECTS est la légitime suite, non moins horrifique, de THE HOUSE OF 1000 CORPSES (2003). On pourra y retrouver des acteurs du premier : Sig Haig, Bill Moseley, Sheri Moon et des nouveaux non moins connus comme : Ken Foree, et Michael Berryman.
Rob Zombie, chanteur et leader du groupe de métal White Zombie est aussi producteur, réalisateur de THE DEVIL’S REJECTS, et c’est au talent de Tyler Bates qu’il a fait appel pour l’aider dans son rôle de compositeur. C’est lors de la première de DAWN OF THE DEAD dont Tyler Bates a fait la musique, que Rob et Tyler se sont rencontrés. Rob Zombie ayant mis en musique lui même son premier film, Tyler Bates lui à envoyé sans grande conviction un cd de démo. Contre toute attente, le réalisateur a appelé le compositeur pour lui demander ses services. Avec un budget supérieur à celui de son premier film, il pouvait s’offrir un musicien à part entière. Résultat : dans le même registre que DAWN OF THE DEAD, Tyler Bates signe une partition totalement à l’opposé de ses précédents déferlements orchestraux, alliant cette fois un synthétiseur d’outre-tombe à un groupe de Rock métal...Hurlant.

Rencontre avec un duo de choc !



ENTRE ROCK ET COUNTRY SON CŒUR BALANCE





Comment avez-vous créé l’ambiance musicale de votre partition, et quel est le sens que vous avez voulu lui donner ?
Tyler Bates) Presque tous les sons du film sont faits main. Après avoir vu le film, Rob Zombie m’a lancé le défi de créer quelque chose qu’il n’a jamais entendu auparavant. Il avait essayé près d’une centaine de musiques temporaires sans jamais trouver quoi que ce soit qui lui convienne. Il fallait donc une partition vraiment originale qui parvienne en même temps à exprimer ce qu’il y a dans l’esprit des personnages du film. Imaginez qu’on pointe un revolver sur votre tempe : je ne crois pas que ce soit une mélodie qui vous viendrait à l’esprit. Ma musique parle de tension et de discorde.


Le film se situe dans les années 70, comment cela se traduit-il dans votre partition ?
TB) Ma façon de situer le film dans le temps a été de faire appel à des instruments de cette époque, les orgues Farfisa et Mellotron. J’ai voulu rester aussi authentique, aussi « vintage » que possible, sans pour cela en faire une partition « historique », mais bien plutôt actuelle.


Géographiquement, le film se déroule dans le sud profond des Etats-Unis. Nous pouvons d’ailleurs reconnaître des sonorités country dans votre musique.
TB) Il y a beaucoup de musique du sud dans ce film, et j’ai intégré bon nombre d’éléments de ce style dans ma partition. De façon pas forcément évidente, mais sertis dans le tissu musical. Pour moi, ce n’est pas un western ou un film d’horreur comme on a pu le dire, c’est plutôt un thriller psychotique. Mais pour Rob, il s’agit d’un « western malsain », et c’est pour cela que j’ai tenu à intégrer ces éléments afin de mieux situer le film dans l’espace, sans pour cela me focaliser sur ces éléments.


Et à la fin du film on revient au rock.
TB) Tiny Snaps Wydell est le moment où tous les enjeux du film se retrouvent concentrés. Il fallait quelque chose qui sonne comme une résolution. Il fallait qu’après un début envoûtant la musique témoigne de l’aspect « pétaradant » du film et ce de façon complètement incontrôlée et frénétique, avec des instruments désaccordés. Quant à We’ll Come Back For You, c’est un peu comme l’autre côté de ce style, le côté calme et paisible, ce qui m’a permis de faire revenir Nan, avec tout ce que cela symbolise pour la famille.

Votre partition est basée sur l’association d’un orchestre pop et du synthétiseur. Qu’avez vous cherché à exprimer ?
TB) Comme Rob n’avait de cesse d’augmenter le niveau de tension du film, j’ai recherché un son à la fois spontané et rythmé et c’est ainsi que je me suis orienté vers un orchestre pop avec guitares basse et électrique, batterie et orgues mellotron et farfisa.

Pouvez vous nous raconter votre processus d’écriture pour THE DEVIL’S REJECT ? Aviez vous écrit des partitions pour tout, ou avez vous laissé une part à l’improvisation ?
TB) Il est très difficile d’écrire noir sur blanc tous les effets que Damon Fox a expérimentés sur ses claviers tandis que la rythmique a déjà été fixée. C’est cette spontanéité qui fait que cela fonctionne dans le film. Si j’avais tout écrit, ces contraintes se seraient entendues. J’ai une relation très proche avec les musiciens, ce qui nous a permis de nous comprendre très vite autour de motifs que je leur suggérais à l’avance.



Vous avez surnommé l’ensemble instrumental de DAWN OF THE DEAD le « Black Sabbath Orchestra ». De la même façon, vous avez appelé l’orchestre de THE DEVIL’S REJECTS « The Kahiki Palms Orchestra », d’après l’un des titres de votre album. Pouvez vous nous expliquer pourquoi ce choix pour THE DEVIL’S REJECT ?
TB) C’est le nom du motel dans lequel se passent la plupart des meurtres du premier acte, et c’est aussi le moment où l’ensemble de l’orchestre se présente à nos oreilles. Il n’y a rien de plus profond qu’une allusion sympathique.


UN COMPOSITEUR SANG CŒUR



« Holy Guacamole » est un titre très différent du reste de la partition… Pourquoi ce choix ?
TB) Il s’agit en fait d’une musique sensée être utilisée dans une publicité. Rob voulait d’une musique de cirque déjantée. Avec tout le respect que j’ai pour votre musique, je dirais que cet extrait est le plus « européen » de l’album. Je pense que Rob s’attendait plutôt à du klezmer, mais qu’il a aimé cette touche française.



A l’opposé des distorsions de la guitare électrique, des basses lourdes on peut parfois entendre comme les battements d’un cœur…
TB) C’est tout à fait ça. Rob a pensé que l’un des fondements sonores du film pourrait être ce battement de cœur. Il n’était pas sûr qu’on pourrait l’intégrer dans le design sonore du film, mais je suis parvenu à l’incorporer à la musique même du film. Parfois, il s’agit de sonorités de synthèse, parfois ce sont des percussions live jouées par Greg Ellis.

Qu’avez vous voulu signifier avec les battements de ce cœur ?
TB) C’est plus la pulsation du film, qui symbolise le combat pour la survie. Quelles que soient les circonstances, on sent ce cœur qui tente de battre contre vents et marées.

L’utilisation de la voix dans votre partition apporte une dimension plus sensible, en contraste avec la violence des images.
TB) Il y a quelque chose d’envoûtant et de beau dans la voix humaine. Dès les premières images, le film a quelque chose de dérangeant, et pour accompagner ces images, Rob a voulu quelque chose de plaintif et de beau à la fois. C’est devenu Tiny And His Girl. Le tout crée un effet très particulier que j’ai voulu réitérer à la fin du film. C’est une approche émotionnelle de cette famille très particulière. Certes, elle est horrible, mais en même temps, elle est basée sur des liens très forts et très émotionnels entre ses membres. La voix de Nan Vernon offre ainsi un contrepoint tout à fait intéressant à la violence du reste de la partition.




TYLER BATES ET ROB ZOMBIE, UN DUO DE CHOC !


Rob Zombie parle beaucoup de ses influences : IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, BONNIE & CLYDE et les films de Sam Peckinpah pour le cinéma, et Terry Reid pour la musique. Quelles sont les vôtres ?
TB) Je suis un grand admirateur de Bernard Herrmann. Il a eu une grande influence sur la façon dont j’ai abordé la partition de THE DEVIL’S REJECTS.

Avec THE DEVIL’S REJECTS, il est difficile de faire plus différent que DAWN OF THE DEAD alors qu’il le suit immédiatement !
TB) C’est vrai ! Je pense que les tenants et aboutissants émotionnels de DAWN OF THE DEAD sont beaucoup plus tangibles. C’est un film beaucoup plus psychologique. On y voit comment des gens normaux se comportent pour survivre à des événements impensables. Les deux films parlent de survie et ont en quelque sorte une attitude punk-rock, mais DAWN OF THE DEAD possède une subtilité qui a nécessité une approche totalement différente, plus traditionnelle, orchestrale.

Pouvez-vous nous évoquer votre collaboration avec le réalisateur ?
TB) Dès que je suis arrivé sur le projet, Rob m’a prévenu que la production se terminerait par trois semaines supplémentaires de montage. Deux semaines plus tard, je lui présentais ma musique, écrite à partir d’un montage préliminaire. Cela l’a inspiré et il m’a demandé d’envoyer la totalité de ma partition directement à l’équipe de montage afin qu’ils remontent le film en fonction de ma musique. De mon côté, j’ai aussi fait quelques derniers ajustements pour que le tout soit en symbiose. Car dans ce genre de film plus que dans tout autre, il faut qu’il y ait une véritable homogénéité entre tous les éléments, sans qu’aucun ne domine.








Comment présenteriez-vous votre film, THE DEVIL'S REJECTS?
Rob Zombie) Pour moi, c'est un "road movie" emprunt de violence ; une sorte de western des temps modernes.

Pourquoi l'avoir situé dans le Sud profond des Etats-Unis?
RZ) Parce que je voulais un aspect visuel blafard et désolé. Dans ce film, les grands espaces ne sont plus une icône de l'aventure, mais au contraire du vide.

Cela fut-il également un choix musical?
RZ) En effet. Tout m'est venu à la fois. J'ai eu cette vision de cette famille, les Firefly, comme venant du Sud profond, en 1970. De fait, la musique qui m'est venue à l'esprit était du rock du Sud de ces années-là. Pour moi, tout fonctionne en même temps sur le même registre.

On présente THE DEVIL'S REJECTS est le plus souvent présenté comme la suite de THE HOUSE OF 1000 CORPSES. Est-ce vraiment le cas?
Je dirais qu'il s'agit davantage d'une continuité qu'une suite au sens strict du terme. Je voulais que mon film soit une entité à part entière. On n'a pas besoin d'avoir vu le premier pour le comprendre. Par conséquent, c'est une suite sans en être une!



On entend parler d'une HOUSE OF 1000 CORPSES II…
RZ) C'est une rumeur colportée sur internet, mais c'est faux.

Avec HOUSE OF 1000 CORPSES, vous sembliez vouloir renouer avec les vieux films d'horreurs des années 70 comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ou encore ZOMBIE. Votre film est-il nostalgique, est-ce un hommage, ou bien une façon de renouer avec un style d'horreur qui tend à disparaître?
RZ) Cela peut en effet sembler nostalgique, mais la nostalgie ne fait pas partie de ma façon d'aborder les choses. Je me réfère beaucoup aux films d'horreur des années 70 en tant que source d'inspiration. Il n'y a pas vraiment d'hommage là-dedans, ce sont plutôt mes sources. Je puise dans ce que j'aime le plus.


Pourquoi vous spécialiser dans des films extrêmes? Pour le plaisir de choquer?
RZ) Choquer les gens n'est pas vraiment ce qui m'intéresse. Cela peut sembler bizarre, mais mon but dans mes films est vraiment de faire plaisir et de me faire plaisir. De divertir les gens. Pour un certain public, il n'y a rien d'amusant dans la violence, mais pour d'autres, on peut vraiment s'éclater à regarder un film de ce genre. Si certaines choses peuvent permettre aux gens de tester leurs limites et de se remettre en question, c'est super. Mais j'ai vraiment travaillé pour le plaisir avant tout!

Alors que le film était terminé, Universal a refusé de sortir HOUSE OF 1000 CORPSES et vous vous êtes alors tourné vers LIONS GATES, la société des frères Weinstein (MIRAMAX), qui distribue également THE DEVIL'S REJECTS. Etait-il impossible de sortir un tel film chez une major?
RZ) Probablement. Il est très difficile de faire des films comme les miens avec les grands studios hollywoodiens. Ils préfèrent sortir des produits plus formatés et moins risqués.

Comment ressentez-vous votre évolution entre 1000 CORPSES et THE DEVIL’S REJECTS ?
RZ) Je pense que le second est un film bien meilleur à tous points de vue, mais tout particulièrement pour son aspect visuel. On a vraiment l’impression de prises de vue hachées et maladroites, mais c’est totalement contrôlé, totalement délibéré, car je voulais qu’il soit filmé comme un documentaire. Le cadreur est un bon ami et notre relation nous a permis de rechercher et d’obtenir des choses très intéressantes.


Qu’en est-il du point de vue musical ?
RZ) Ce fut différent cette fois car je n’ai pas du tout participé à la musique de THE DEVIL’S REJECT, alors que j’avais fait celle de 1000 CORPSES. Je l’avais fait pour des raisons budgétaires, mais le fait est qu’écrire, réaliser et monter un film, c’est vraiment un travail à plein temps. Ce fut une erreur de le faire sur le premier film. Sur THE DEVIL’S REJECTS, j’ai eu la chance de trouver un compositeur avec lequel je pouvais vraiment travailler en toute confiance.

Que pensez-vous d’un réalisateur comme John Carpenter, qui réalise et compose la musique de ses films tout à la fois ?
RZ) J’ai beaucoup d’admiration pour lui. J'aime beaucoup ses musiques, tout particulièrement pour HALLOWEEN et pour ESCAPE FROM NEW YORK. Ce qu’il arrive à faire est incroyable.

Qu’est-ce qui vous a fait choisir Tyler Bates comme compositeur ?
RZ) J’ai adoré sa partition pour DAWN OF THE DEAD et quand nous nous sommes rencontrés, le courant est passé immédiatement. J’ai su que nous allions faire du bon travail ensemble. C’est ce sentiment d’avoir trouvé un vrai collaborateur qui fut déterminant dans mon choix.

Est-ce que le fait que vous soyez vous-même musicien a favorisé votre communication ?
RZ) Sans aucun doute. Tyler m’a parlé des difficultés qu’il avait de travailler avec certains réalisateurs non musiciens qui ne parvenaient pas à expliciter ce qu’ils souhaitaient musicalement. Au contraire, entre nous, les choses furent très faciles.

Comment êtes-vous passé d’une image de ce compositeur liée à une partition symphonique à l’idée de quelque chose de plus intime et plus synthétique ?
RZ) Tout comme moi, il a joué dans des groupes, ce qui fait qu’il connaissait très bien ce type de musique. De plus, c’est quelqu’un de jeune, pas encore figé dans son écriture, ouvert à toutes les expériences. Il a très vite compris le concept de mon film, puis il s’est mis au travail dans son studio, sans se préoccuper de savoir si cela marcherait avec l’image, et le résultat s’est avéré fantastique !

Quel est votre meilleur souvenir avec Tyler Bates ?
RZ) Vous savez, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Nous avons eu pas mal de bons moments ensemble. Parmi eux, je retiendrai tout particulièrement l’enregistrement de la musique de la séquence du mitraillage de la maison des Firefly au début du film. Lors de la session, il y avait pas moins de cinq batteurs qui jouaient tous en même temps et sur des percussions de toutes sortes. Ce fut vraiment un grand moment et j’espère qu’il y en aura d’autres comme cela avec lui dans l’avenir !

Quelle est votre séquence préférée dans le film ?
RZ) C’est celle du motel. On a vraiment l’impression que l’on se trouve dans cette chambre avec ses protagonistes. C’est très prenant, et c’est ce que j’aime dans un film.

Et du point de vue musical ?
RZ) Cette scène est sans doute la moins musicale du film. Tout se passe au niveau du jeu des acteurs. Du point de vue musical, c’est la fin, avec Free Bird, que je préfère !

Quel souvenir garderez-vous de cette expérience ?
RZ) Ce fut probablement le moment le plus exaltant de ma carrière. J’en ai apprécié chaque seconde, tant du point de vue humain, notamment dans ma relation aux fantastiques acteurs qui y ont participé, que du point de vue artistique.


Vous avez écrit des scénarios de BD. Seriez-vous intéressé par le fait de diriger un film inspiré d’une de vos créations ?
RZ) Il se trouve précisément que c’est ce que je suis en train de faire. Je travaille actuellement sur un film d’animation basé sur l’une de mes BDs. Le film devrait sortir d’ici le mois d’août prochain.

Quel type de musique envisagez-vous pour ce film ?
RZ) Je n’ai pas encore choisi de compositeur, mais je verrai une guitare californienne fantômatique, un peu dans le style de Dick Dale. Ce sera en tout cas très différent de THE DEVIL’S REJECTS.

Votre carrière est marquée par la diversité, de scénariste de BD à réalisateur en passant par musicien, notamment pour des séries et des films renommés comme X-FILES, ACE VENTURA, MATRIX, MATRIX RELOADED ou encore MISSION IMPOSSIBLE II.
RZ) Quand je repense à tout cela, je trouve que c’est vraiment fantastique, et je profite toujours de mes précédentes expériences. C’est ainsi par exemple que je suis en train de préparer un nouvel album. J’ai travaillé sans relâche pendant deux ans sur THE DEVIL’S REJECTS, et maintenant que le film est sorti et que je suis épuisé, je peux passer à quelque chose de totalement différent, avant de retourner au cinéma pour un film lié à mon expérience dans la BD. C’est le plan idéal


Actors: Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, William Forsythe, Ken Foree,
Directors: Rob Zombie
Format: Closed-captioned, Color, Full Screen, NTSC
Language: English
Region: Region 1 (U.S. and Canada only. Read more about DVD formats.)
Aspect Ratio: 1.33:1
Number of discs: 1
Rating
Studio: Lions Gate
DVD Release Date: November 8, 2005
Run Time: 101 minutes

US Theatrical Release Date: July 22, 2005
MPAA: for sadistic violence, strong sexual content, language and drug use.
Production Company: Lions Gate Films, Entache Entertainment, Cinerenta Medienbeteiligungs KG, Creep Entertainment International, Devil's Rejects Inc., Firm Films
USA Box Office: $17 Million
Budget Estimate: $7 Million
Also Known As: House of 1000 Corpses 2 / House of 2,000 Corpses / The Devil's Rejects: House of 1000 Corpses 2
Filming Locations: California, USA Los Angeles, California, USA

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