10 February 2006

THE DEVIL’S REJECTS - WE’LL BE BACK FOR YOU… Entretiens avec TYLER BATES et ROB ZOMBIE


Pour un film de Rob Zombie, on ne pouvait s’attendre à autre chose qu’un Road movie, bien trash et bien sanglant. Ainsi, THE DEVIL’S REJECTS est la légitime suite, non moins horrifique, de THE HOUSE OF 1000 CORPSES (2003). On pourra y retrouver des acteurs du premier : Sig Haig, Bill Moseley, Sheri Moon et des nouveaux non moins connus comme : Ken Foree, et Michael Berryman.
Rob Zombie, chanteur et leader du groupe de métal White Zombie est aussi producteur, réalisateur de THE DEVIL’S REJECTS, et c’est au talent de Tyler Bates qu’il a fait appel pour l’aider dans son rôle de compositeur. C’est lors de la première de DAWN OF THE DEAD dont Tyler Bates a fait la musique, que Rob et Tyler se sont rencontrés. Rob Zombie ayant mis en musique lui même son premier film, Tyler Bates lui à envoyé sans grande conviction un cd de démo. Contre toute attente, le réalisateur a appelé le compositeur pour lui demander ses services. Avec un budget supérieur à celui de son premier film, il pouvait s’offrir un musicien à part entière. Résultat : dans le même registre que DAWN OF THE DEAD, Tyler Bates signe une partition totalement à l’opposé de ses précédents déferlements orchestraux, alliant cette fois un synthétiseur d’outre-tombe à un groupe de Rock métal...Hurlant.

Rencontre avec un duo de choc !



ENTRE ROCK ET COUNTRY SON CŒUR BALANCE





Comment avez-vous créé l’ambiance musicale de votre partition, et quel est le sens que vous avez voulu lui donner ?
Tyler Bates) Presque tous les sons du film sont faits main. Après avoir vu le film, Rob Zombie m’a lancé le défi de créer quelque chose qu’il n’a jamais entendu auparavant. Il avait essayé près d’une centaine de musiques temporaires sans jamais trouver quoi que ce soit qui lui convienne. Il fallait donc une partition vraiment originale qui parvienne en même temps à exprimer ce qu’il y a dans l’esprit des personnages du film. Imaginez qu’on pointe un revolver sur votre tempe : je ne crois pas que ce soit une mélodie qui vous viendrait à l’esprit. Ma musique parle de tension et de discorde.


Le film se situe dans les années 70, comment cela se traduit-il dans votre partition ?
TB) Ma façon de situer le film dans le temps a été de faire appel à des instruments de cette époque, les orgues Farfisa et Mellotron. J’ai voulu rester aussi authentique, aussi « vintage » que possible, sans pour cela en faire une partition « historique », mais bien plutôt actuelle.


Géographiquement, le film se déroule dans le sud profond des Etats-Unis. Nous pouvons d’ailleurs reconnaître des sonorités country dans votre musique.
TB) Il y a beaucoup de musique du sud dans ce film, et j’ai intégré bon nombre d’éléments de ce style dans ma partition. De façon pas forcément évidente, mais sertis dans le tissu musical. Pour moi, ce n’est pas un western ou un film d’horreur comme on a pu le dire, c’est plutôt un thriller psychotique. Mais pour Rob, il s’agit d’un « western malsain », et c’est pour cela que j’ai tenu à intégrer ces éléments afin de mieux situer le film dans l’espace, sans pour cela me focaliser sur ces éléments.


Et à la fin du film on revient au rock.
TB) Tiny Snaps Wydell est le moment où tous les enjeux du film se retrouvent concentrés. Il fallait quelque chose qui sonne comme une résolution. Il fallait qu’après un début envoûtant la musique témoigne de l’aspect « pétaradant » du film et ce de façon complètement incontrôlée et frénétique, avec des instruments désaccordés. Quant à We’ll Come Back For You, c’est un peu comme l’autre côté de ce style, le côté calme et paisible, ce qui m’a permis de faire revenir Nan, avec tout ce que cela symbolise pour la famille.

Votre partition est basée sur l’association d’un orchestre pop et du synthétiseur. Qu’avez vous cherché à exprimer ?
TB) Comme Rob n’avait de cesse d’augmenter le niveau de tension du film, j’ai recherché un son à la fois spontané et rythmé et c’est ainsi que je me suis orienté vers un orchestre pop avec guitares basse et électrique, batterie et orgues mellotron et farfisa.

Pouvez vous nous raconter votre processus d’écriture pour THE DEVIL’S REJECT ? Aviez vous écrit des partitions pour tout, ou avez vous laissé une part à l’improvisation ?
TB) Il est très difficile d’écrire noir sur blanc tous les effets que Damon Fox a expérimentés sur ses claviers tandis que la rythmique a déjà été fixée. C’est cette spontanéité qui fait que cela fonctionne dans le film. Si j’avais tout écrit, ces contraintes se seraient entendues. J’ai une relation très proche avec les musiciens, ce qui nous a permis de nous comprendre très vite autour de motifs que je leur suggérais à l’avance.



Vous avez surnommé l’ensemble instrumental de DAWN OF THE DEAD le « Black Sabbath Orchestra ». De la même façon, vous avez appelé l’orchestre de THE DEVIL’S REJECTS « The Kahiki Palms Orchestra », d’après l’un des titres de votre album. Pouvez vous nous expliquer pourquoi ce choix pour THE DEVIL’S REJECT ?
TB) C’est le nom du motel dans lequel se passent la plupart des meurtres du premier acte, et c’est aussi le moment où l’ensemble de l’orchestre se présente à nos oreilles. Il n’y a rien de plus profond qu’une allusion sympathique.


UN COMPOSITEUR SANG CŒUR



« Holy Guacamole » est un titre très différent du reste de la partition… Pourquoi ce choix ?
TB) Il s’agit en fait d’une musique sensée être utilisée dans une publicité. Rob voulait d’une musique de cirque déjantée. Avec tout le respect que j’ai pour votre musique, je dirais que cet extrait est le plus « européen » de l’album. Je pense que Rob s’attendait plutôt à du klezmer, mais qu’il a aimé cette touche française.



A l’opposé des distorsions de la guitare électrique, des basses lourdes on peut parfois entendre comme les battements d’un cœur…
TB) C’est tout à fait ça. Rob a pensé que l’un des fondements sonores du film pourrait être ce battement de cœur. Il n’était pas sûr qu’on pourrait l’intégrer dans le design sonore du film, mais je suis parvenu à l’incorporer à la musique même du film. Parfois, il s’agit de sonorités de synthèse, parfois ce sont des percussions live jouées par Greg Ellis.

Qu’avez vous voulu signifier avec les battements de ce cœur ?
TB) C’est plus la pulsation du film, qui symbolise le combat pour la survie. Quelles que soient les circonstances, on sent ce cœur qui tente de battre contre vents et marées.

L’utilisation de la voix dans votre partition apporte une dimension plus sensible, en contraste avec la violence des images.
TB) Il y a quelque chose d’envoûtant et de beau dans la voix humaine. Dès les premières images, le film a quelque chose de dérangeant, et pour accompagner ces images, Rob a voulu quelque chose de plaintif et de beau à la fois. C’est devenu Tiny And His Girl. Le tout crée un effet très particulier que j’ai voulu réitérer à la fin du film. C’est une approche émotionnelle de cette famille très particulière. Certes, elle est horrible, mais en même temps, elle est basée sur des liens très forts et très émotionnels entre ses membres. La voix de Nan Vernon offre ainsi un contrepoint tout à fait intéressant à la violence du reste de la partition.




TYLER BATES ET ROB ZOMBIE, UN DUO DE CHOC !


Rob Zombie parle beaucoup de ses influences : IL ETAIT UNE FOIS DANS L’OUEST, BONNIE & CLYDE et les films de Sam Peckinpah pour le cinéma, et Terry Reid pour la musique. Quelles sont les vôtres ?
TB) Je suis un grand admirateur de Bernard Herrmann. Il a eu une grande influence sur la façon dont j’ai abordé la partition de THE DEVIL’S REJECTS.

Avec THE DEVIL’S REJECTS, il est difficile de faire plus différent que DAWN OF THE DEAD alors qu’il le suit immédiatement !
TB) C’est vrai ! Je pense que les tenants et aboutissants émotionnels de DAWN OF THE DEAD sont beaucoup plus tangibles. C’est un film beaucoup plus psychologique. On y voit comment des gens normaux se comportent pour survivre à des événements impensables. Les deux films parlent de survie et ont en quelque sorte une attitude punk-rock, mais DAWN OF THE DEAD possède une subtilité qui a nécessité une approche totalement différente, plus traditionnelle, orchestrale.

Pouvez-vous nous évoquer votre collaboration avec le réalisateur ?
TB) Dès que je suis arrivé sur le projet, Rob m’a prévenu que la production se terminerait par trois semaines supplémentaires de montage. Deux semaines plus tard, je lui présentais ma musique, écrite à partir d’un montage préliminaire. Cela l’a inspiré et il m’a demandé d’envoyer la totalité de ma partition directement à l’équipe de montage afin qu’ils remontent le film en fonction de ma musique. De mon côté, j’ai aussi fait quelques derniers ajustements pour que le tout soit en symbiose. Car dans ce genre de film plus que dans tout autre, il faut qu’il y ait une véritable homogénéité entre tous les éléments, sans qu’aucun ne domine.








Comment présenteriez-vous votre film, THE DEVIL'S REJECTS?
Rob Zombie) Pour moi, c'est un "road movie" emprunt de violence ; une sorte de western des temps modernes.

Pourquoi l'avoir situé dans le Sud profond des Etats-Unis?
RZ) Parce que je voulais un aspect visuel blafard et désolé. Dans ce film, les grands espaces ne sont plus une icône de l'aventure, mais au contraire du vide.

Cela fut-il également un choix musical?
RZ) En effet. Tout m'est venu à la fois. J'ai eu cette vision de cette famille, les Firefly, comme venant du Sud profond, en 1970. De fait, la musique qui m'est venue à l'esprit était du rock du Sud de ces années-là. Pour moi, tout fonctionne en même temps sur le même registre.

On présente THE DEVIL'S REJECTS est le plus souvent présenté comme la suite de THE HOUSE OF 1000 CORPSES. Est-ce vraiment le cas?
Je dirais qu'il s'agit davantage d'une continuité qu'une suite au sens strict du terme. Je voulais que mon film soit une entité à part entière. On n'a pas besoin d'avoir vu le premier pour le comprendre. Par conséquent, c'est une suite sans en être une!



On entend parler d'une HOUSE OF 1000 CORPSES II…
RZ) C'est une rumeur colportée sur internet, mais c'est faux.

Avec HOUSE OF 1000 CORPSES, vous sembliez vouloir renouer avec les vieux films d'horreurs des années 70 comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ou encore ZOMBIE. Votre film est-il nostalgique, est-ce un hommage, ou bien une façon de renouer avec un style d'horreur qui tend à disparaître?
RZ) Cela peut en effet sembler nostalgique, mais la nostalgie ne fait pas partie de ma façon d'aborder les choses. Je me réfère beaucoup aux films d'horreur des années 70 en tant que source d'inspiration. Il n'y a pas vraiment d'hommage là-dedans, ce sont plutôt mes sources. Je puise dans ce que j'aime le plus.


Pourquoi vous spécialiser dans des films extrêmes? Pour le plaisir de choquer?
RZ) Choquer les gens n'est pas vraiment ce qui m'intéresse. Cela peut sembler bizarre, mais mon but dans mes films est vraiment de faire plaisir et de me faire plaisir. De divertir les gens. Pour un certain public, il n'y a rien d'amusant dans la violence, mais pour d'autres, on peut vraiment s'éclater à regarder un film de ce genre. Si certaines choses peuvent permettre aux gens de tester leurs limites et de se remettre en question, c'est super. Mais j'ai vraiment travaillé pour le plaisir avant tout!

Alors que le film était terminé, Universal a refusé de sortir HOUSE OF 1000 CORPSES et vous vous êtes alors tourné vers LIONS GATES, la société des frères Weinstein (MIRAMAX), qui distribue également THE DEVIL'S REJECTS. Etait-il impossible de sortir un tel film chez une major?
RZ) Probablement. Il est très difficile de faire des films comme les miens avec les grands studios hollywoodiens. Ils préfèrent sortir des produits plus formatés et moins risqués.

Comment ressentez-vous votre évolution entre 1000 CORPSES et THE DEVIL’S REJECTS ?
RZ) Je pense que le second est un film bien meilleur à tous points de vue, mais tout particulièrement pour son aspect visuel. On a vraiment l’impression de prises de vue hachées et maladroites, mais c’est totalement contrôlé, totalement délibéré, car je voulais qu’il soit filmé comme un documentaire. Le cadreur est un bon ami et notre relation nous a permis de rechercher et d’obtenir des choses très intéressantes.


Qu’en est-il du point de vue musical ?
RZ) Ce fut différent cette fois car je n’ai pas du tout participé à la musique de THE DEVIL’S REJECT, alors que j’avais fait celle de 1000 CORPSES. Je l’avais fait pour des raisons budgétaires, mais le fait est qu’écrire, réaliser et monter un film, c’est vraiment un travail à plein temps. Ce fut une erreur de le faire sur le premier film. Sur THE DEVIL’S REJECTS, j’ai eu la chance de trouver un compositeur avec lequel je pouvais vraiment travailler en toute confiance.

Que pensez-vous d’un réalisateur comme John Carpenter, qui réalise et compose la musique de ses films tout à la fois ?
RZ) J’ai beaucoup d’admiration pour lui. J'aime beaucoup ses musiques, tout particulièrement pour HALLOWEEN et pour ESCAPE FROM NEW YORK. Ce qu’il arrive à faire est incroyable.

Qu’est-ce qui vous a fait choisir Tyler Bates comme compositeur ?
RZ) J’ai adoré sa partition pour DAWN OF THE DEAD et quand nous nous sommes rencontrés, le courant est passé immédiatement. J’ai su que nous allions faire du bon travail ensemble. C’est ce sentiment d’avoir trouvé un vrai collaborateur qui fut déterminant dans mon choix.

Est-ce que le fait que vous soyez vous-même musicien a favorisé votre communication ?
RZ) Sans aucun doute. Tyler m’a parlé des difficultés qu’il avait de travailler avec certains réalisateurs non musiciens qui ne parvenaient pas à expliciter ce qu’ils souhaitaient musicalement. Au contraire, entre nous, les choses furent très faciles.

Comment êtes-vous passé d’une image de ce compositeur liée à une partition symphonique à l’idée de quelque chose de plus intime et plus synthétique ?
RZ) Tout comme moi, il a joué dans des groupes, ce qui fait qu’il connaissait très bien ce type de musique. De plus, c’est quelqu’un de jeune, pas encore figé dans son écriture, ouvert à toutes les expériences. Il a très vite compris le concept de mon film, puis il s’est mis au travail dans son studio, sans se préoccuper de savoir si cela marcherait avec l’image, et le résultat s’est avéré fantastique !

Quel est votre meilleur souvenir avec Tyler Bates ?
RZ) Vous savez, c’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup. Nous avons eu pas mal de bons moments ensemble. Parmi eux, je retiendrai tout particulièrement l’enregistrement de la musique de la séquence du mitraillage de la maison des Firefly au début du film. Lors de la session, il y avait pas moins de cinq batteurs qui jouaient tous en même temps et sur des percussions de toutes sortes. Ce fut vraiment un grand moment et j’espère qu’il y en aura d’autres comme cela avec lui dans l’avenir !

Quelle est votre séquence préférée dans le film ?
RZ) C’est celle du motel. On a vraiment l’impression que l’on se trouve dans cette chambre avec ses protagonistes. C’est très prenant, et c’est ce que j’aime dans un film.

Et du point de vue musical ?
RZ) Cette scène est sans doute la moins musicale du film. Tout se passe au niveau du jeu des acteurs. Du point de vue musical, c’est la fin, avec Free Bird, que je préfère !

Quel souvenir garderez-vous de cette expérience ?
RZ) Ce fut probablement le moment le plus exaltant de ma carrière. J’en ai apprécié chaque seconde, tant du point de vue humain, notamment dans ma relation aux fantastiques acteurs qui y ont participé, que du point de vue artistique.


Vous avez écrit des scénarios de BD. Seriez-vous intéressé par le fait de diriger un film inspiré d’une de vos créations ?
RZ) Il se trouve précisément que c’est ce que je suis en train de faire. Je travaille actuellement sur un film d’animation basé sur l’une de mes BDs. Le film devrait sortir d’ici le mois d’août prochain.

Quel type de musique envisagez-vous pour ce film ?
RZ) Je n’ai pas encore choisi de compositeur, mais je verrai une guitare californienne fantômatique, un peu dans le style de Dick Dale. Ce sera en tout cas très différent de THE DEVIL’S REJECTS.

Votre carrière est marquée par la diversité, de scénariste de BD à réalisateur en passant par musicien, notamment pour des séries et des films renommés comme X-FILES, ACE VENTURA, MATRIX, MATRIX RELOADED ou encore MISSION IMPOSSIBLE II.
RZ) Quand je repense à tout cela, je trouve que c’est vraiment fantastique, et je profite toujours de mes précédentes expériences. C’est ainsi par exemple que je suis en train de préparer un nouvel album. J’ai travaillé sans relâche pendant deux ans sur THE DEVIL’S REJECTS, et maintenant que le film est sorti et que je suis épuisé, je peux passer à quelque chose de totalement différent, avant de retourner au cinéma pour un film lié à mon expérience dans la BD. C’est le plan idéal


Actors: Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, William Forsythe, Ken Foree,
Directors: Rob Zombie
Format: Closed-captioned, Color, Full Screen, NTSC
Language: English
Region: Region 1 (U.S. and Canada only. Read more about DVD formats.)
Aspect Ratio: 1.33:1
Number of discs: 1
Rating
Studio: Lions Gate
DVD Release Date: November 8, 2005
Run Time: 101 minutes

US Theatrical Release Date: July 22, 2005
MPAA: for sadistic violence, strong sexual content, language and drug use.
Production Company: Lions Gate Films, Entache Entertainment, Cinerenta Medienbeteiligungs KG, Creep Entertainment International, Devil's Rejects Inc., Firm Films
USA Box Office: $17 Million
Budget Estimate: $7 Million
Also Known As: House of 1000 Corpses 2 / House of 2,000 Corpses / The Devil's Rejects: House of 1000 Corpses 2
Filming Locations: California, USA Los Angeles, California, USA

FreeCompteur.comFreeCompteur Live

No comments: