03 September 2007

Arthur Et Les Minimoys - Interview de Philippe ROUCHIER, concepteur, designer et directeur artistique par Christine BLANC

Arthur et les Minimoys est un projet qui à démarré grace aux talents de leurs créateurs, Céline et Patrice GARCIA. Ils nous ont déjà parlé dans les colonnes d'Inter-Activities de la naissance et de l'évolution d'Arthur. Pour l' accompagner dans cette aventure, Partice GARCIA s'est vu entouré d'artistes de l'ombre qui méritaient un coup de projecteur. C'est pourquoi Inter-Activities se devait de vous faire découvrir les talents de jeunes artistes que sont Philippe ROUCHIER ou encore Georges BOUCHELAGEM. Nous les avons rencontrés à l'occasion du 4ème Festival International du Film d'Animation à Six Four les Plages. Aujourd'hui c'est Philippe ROUCHIER, Directeur Artistique, Concepteur et Designer D'Arthur et les Minimoys 1, et bientôt 2 et 3 qui a accepté de nous parler de son travail.


Monsieur ROUCHIER, pouvez-vous nous parler de vous ? Comment et quand ont commencé vos passions et activités artistiques ?

Mes débuts n’ont rien de bien extraordinaire. Comme beaucoup d’enfants, j’aimais bien gribouiller sur du papier en me racontant des histoires. En fait, le goût du dessin n’était pas mon centre d’intérêt principal, plutôt un support pour exprimer ma passion pour l’étrange.
A partir de dix ans, je suis devenu un lecteur vorace de fantastique et de science fiction. J’ai eu la grande chance d’avoir un père que cette littérature ne laissait pas indifférent, il possédait des classiques du genre, et quelques perles rares. Il me rapportait également d’autres livres de la bibliothèque de son travail, exceptionnellement bien achalandée. Il lisait les ouvrages avant de les rendre et il n’était pas rare que nous discutions ensuite lecture, pour échanger nos impressions ou nous interroger sur les énigmes de l’univers. Souvent, il m’aidait à me poser les bonnes questions et à réfléchir plutôt que de donner des réponses toutes faites. C’est ici, je pense, que mon sens créatif à vu le jour.
Plus tard, aux alentours de dix sept ans, je suis entré dans une phase d’exploration onirique qui à durée près de deux ans. Je me suis très fortement immergé dans le monde du rêve en pratiquant assidûment le « rêve lucide », au point de préférer ma seconde vie nocturne à celle du jour. Je lisais beaucoup sur le sujet, d’excellents comme de mauvais ouvrages, et je tirais mes propres conclusions par expérience directe dans mon sommeil. Cette période était nécessaire à mon épanouissement puisqu’au final, et aussi paradoxale que cela puisse paraître, elle m’a permis d’aborder la réalité quotidienne sous un angle acceptable. Par ailleurs, elle m’a libérée de beaucoup de contraintes dans l’approche conceptuelle d’une image ou d’une idée.
Le dessin par lui-même n’est pour moi que le choix d’un outil, la sculpture, la musique, les arts martiaux ou l’écriture auraient tout aussi bien fait l’affaire. L’important dans mon mode d’expression est de générer un résultat à partir d’une idée, d’un concept, peut importe le support choisi pour parvenir à ce résultat.

Quels sont vos goûts?



Mes goûts musicaux sont assez larges, j’écoute un peu de tout en dehors de la variété et du jazz, fusion ou non. J’aime particulièrement les solitaires expérimentaux qui hantent le passé comme le présent, par exemple Klaus Schulze et Aphex Twin. Je suis également sensible au rock (progressif ou non), Emerson Lake and Palmer, Steve Hackett, Saga, Rush, mais aussi au classique, Prokofiev, Barber. A noter un faible pour Kate Bush. J’aime aussi la musique 8 bits des jeux Amiga. Je recherche les musiques nourricières qui génèrent une émotion, une histoire.
Côté cinéma, je citerais dans le désordre (et à titre d’exemple) Monty Python, Carpenter, Verhoven, Milius, Lynch, Terry Gilliam. Leur parti pris est généralement franc et sans trop de concessions douteuses, leur personnalité et leur originalité sont indéniables. J’adore les vieux films de sabre, à condition de bien choisir (Sword of doom, baby cart !).
Pour ce qui est du monde de l’animation, mon admiration est vouée à Hayao Miyazaki. Je ne suis pas seulement sensible à la qualité de son univers et à ses choix, ou encore à son talent d’animateur, mais bien plus encore à ses histoires, à sa manière simple (et non simpliste) de les mettre en place et de les raconter. Miyazaki est un maître du rythme, il sait faire respirer sa narration et la pimenter d’intelligence. Un de mes films préféré : « Kiki la petite sorcière » !
Mes loisirs sont ceux d’un adolescent (Jeux vidéos, sport, Arts martiaux, raconter des âneries avec mes amis en faisant le plus de bruit possible), pourvu que ça dure !



Sablier "mange-boules" de Maltazard. Il faut actionner le clapet pour déclencher la chute des boules. Le "mange-boules" est une créature vorace et insatiable, qui possède la faculté de manger toujours à la même vitesse
Evil M’s ball-eating hourglass. open the valve to allow the balls through. the ball-eater is insatiable but always devours the balls at precisely the same speed.


Quel a été votre parcours?

J’ai toujours détesté l’école. Jusqu’au lycée, mes années d’études ont été un calvaire d’obligations déprimantes. J’ai réussi par miracle à obtenir une place au lycée pour un BTN F12 d’art appliqués et là, j’ai commencé à m’amuser un peu. J’ai finalement réussi mon bac, puis j’ai raté mes inscriptions en faculté d’audio visuel, ce qui m’a valu de travailler un an en grande surface, histoire de ne pas me tourner les pouces. Cette dernière expérience m’a beaucoup apportée, j’ai découvert un univers social tout à fait différent du peu que je connaissais, et j’ai pu observer les motivations de personnes souvent étrangères à mon propre fonctionnement. Cela à déclenché une faculté de projection et d’observation qui me sert encore aujourd’hui dans mon travail.
Après réflexion, j’ai décidé de m’inscrire à l’école Émile Cohl et là, les choses sérieuses ont commencées.
J’ai effectué mon cycle avec une spécialisation en illustration traditionnelle. A ce moment là, il s’agissait de techniques crayon, pinceaux, gouache, acrylique, huile, etc. Pour réaliser une illustration complète, il fallait mouiller et tendre une feuille encollée de craft, sécher au sèche cheveux, effectuer un crayonné précis et peindre par dessus, au risque de tout rater sans possibilité de rémission. Certains de mes amis étaient des spécialistes dans l’art de foudroyer deux semaines de travail en renversant leur café sur une illustration presque achevée !…
J’ai obtenu mon diplôme, et cela en parti grâce à un travail de création que j’avais mené en parallèle. Il s’agissait d’un jeu de Tarot, une commande qui représentait soixante trois illustrations et un travail de mise en page, d’unité et de typographie (réalisé à l’époque avec des letraset, des décalcomanies ou il faut anticiper la longueur du mot avant de coller lettres par lettres…). Le jeu, intitulé l’œil de Myrddin, a ensuite été édité et commercialisé par France cartes. Ce travail m’avait été commandé par un mystérieux personnage lors d’une exposition de quelques misérables peintures dans une Mjc. J’ai terminé le développement symbolique et graphique du jeu seul avant de le démarcher moi-même pour édition, car le personnage en question c’était volatilisé aussi mystérieusement qu’il avait surgit. Malgré quelque rendez-vous pour discuter du travail, je n’ai jamais pu obtenir son nom exacte, ni un centime. J’ai cependant gardé de cette période une fascination pour le symbolisme ésotérique, peut-être par ce qu’il se mari assez bien avec le monde de l’onirisme.
Après, il y a eu l’armée. Comme je ne voulais pas perdre de temps et continuer à progresser en illustration j’ai opté pour dix sept mois d’objection de conscience et un emploi du temps plus souple. Cela me semblait une bonne idée, mais ce fut une période catastrophique aux « sans abris » de Lyon… Malgré quelques rencontres fortes et d’intéressantes expériences graphiques (en peinture plus qu’en illustration), je garde un mauvais souvenir de cette époque.
Une fois libéré de cette obligation, je suis monté m’installer sur Paris. Par concours sur création d’une image, j’avais décroché un contrat d’illustration sur une période d’un an pour un groupe d’assurance. Sans ce travail, je n’aurais pas pu me lancer en free lance.
Par la suite, je suis entré dans le monde de l’animation. Je me suis formé aux techniques traditionnelles nécessaires à cette activité (feutres, craies, aérographe). Au fil des productions, je me suis frotté au design, à la couleur, je suis devenu chef décorateur puis directeur artistique.
Cette période à durée plusieurs années, au cours desquelles un événement majeur est survenu. Les anciennes techniques d’illustration sont devenus caduc et il est devenu impératif de pénétrer dans le monde merveilleux de Photoshop ! Six mois ont été nécessaires pour que je retrouve un traité égale en qualité à celui de mes astuces traditionnelles. Une fois ce cap passé, je crois même avoir progressé, simplement par le fait que la machine permet une prise de risque impossible à appréhender sans danger sur un support papier classique. Au final, je considère donc ce passage comme tout à fait bénéfique et libérateur, d’ailleurs, il est maintenant bien rare que je prenne un crayon pour dessiner sur papier, je préfère commencer directement par masses, en couleur ou non, sur machine. C’est un peu comme si j’était passé du pilum au fusil laser, ce n’est ni plus simple ni plus rapide, mais c’est quand même une autre dimension.
Depuis cette petite aventure, j’ai continué un peu dans l’animation, puis j’ai mis à profit une longue période de chômage pour réaliser un second jeu de Tarot (le Tarot de l’orage), esquissé depuis plusieurs mois. Il s’agissait d’un véritable exutoire, et j’ai pris beaucoup de plaisir dans l’aboutissement sans concession de ce travail, autant graphiquement que symboliquement.
Enfin il y a eu Arthur et les Minimoys, une autre aventure mouvementée et riche en rebondissements. Elle continu aujourd’hui, plus calmement, ponctuée d’une formation sur Dreamweaver pour me permettre de construire mon site web.

Comment décririez vous votre personnalité ?

A vrai dire, je n’ai pas tellement envie de la décrire, ce serait plutôt à d’autres de le faire… Je dirais simplement que je possède deux facettes principales. La première aime la recherche approfondie, l’aboutissement au plus proche du résultat escompté, elle s’exprime à la manière d’un ermite renfrogné qui peux s’isoler dans la maturation lente de ses travaux, sans objectif alimentaire. La seconde équilibre la première par des phases exutoires où le but recherché consiste à hurler des insanités à tue tête, le plus bruyamment possible. Malgré ce défaut majeur, c’est une personnalité sociable et joviale. Je ne crois pas qu’il y ai grand chose d’autre de bien passionnant à dire, et c’est sans doute mieux ainsi, non ?…


Illustration finale du roi, tel qu'il se présente rituellement au peuple des Minimoys. Bourdon sacré surmonté du sceau des Sept Terres. C'est le symbole de souveraineté absolue qui donne tout pouvoir au roi des Minimoys et lui confère le respect du peuple des lutins.La décoration du bourdon est assortie à celle du costume du roi, pour encore plus de majesté. Accessoirement, comme il est en fait tenu par Mogoth, le bourdon peut devenir un outil de défense ou de persuasion très efficace...Le sceau des Sept Terres est sculpté dans une carapace de mille-pattes.
Final illustration of the King as seen in public by the Minimoys. The holy scepter topped with the Seal of the Seven Kingdoms, the symbol of the absolute sovereignty and power of the King of Minimoys, and the obedience of his people.The decoration of the scepter matches the King’s costume, making him even more regal. Coincidentally, when aboard Palmito, the scepter can be highly efficient as an object of self-defense or persuasion. The Seal of the Seven Kingdoms is carved out of the shell of a millipede.



Comment décririez vous votre métier, quelles sont vos fonctions, vos tâches ?

Dans mon cas précis, il comporte plusieurs aspects, puisque nous allons parler de design d’un côté, et de direction artistique de l’autre. Normalement, se sont deux postes séparés.
Côté design, c’est d’abord un métier d’inspiration et de création. Sur un film, il faut tout faire pour donner vie aux conceptions du scénariste ou du réalisateur, cela sous forme d’images détaillées, fonctionnelles et esthétiques, tout en renforçant ce travail avec sa propre vision et ses idées. Il faut s’interroger sans cesse et s’immerger dans l’univers du film pour créer des personnages et des décors cohérents, utiliser des matériaux et des ambiances en harmonie avec ce qui est décrit. Sur Arthur, par exemple, les designs sont l’aboutissement de longues recherches sur les insectes et les plantes. Chacun des quatre designers rentrait de vacances ou de week-end avec des centaines de photographies macroscopiques d’insectes et de feuillages. Nous les avons utilisées pour construire des maisons, des habits, des objets. Il faut aussi savoir se mettre à la place de ce que l’on dessine, de ce que l’on invente. En se demandant quel est l’emploi du temps quotidien d’une mère de famille Minimoy, en prenant mentalement sa place quelques minutes, quelques heures, on se rend compte qu’elle à besoin de bien plus qu’un chiffon sur la tête, un tablier et un balais. Où va-t-elle faire ses courses, que mange-t-elle, que font les enfants, le mari travail-t-il, est ce qu’il y a l’eau courante, comment est-ce possible de ramener de l’eau quand on fait deux millimètres ? Ces questions en appellent d’autres qui peuvent aller jusqu'à modifier l’agencement du village, et donc son design. Il est donc important de se les poser au début, et d’en discuter avec les autres autour de quelques roughs.
Côté direction artistique, c’est plus un travail de coordination. Il faut parfois trancher dans un sens ou un autre pour éviter de voir le travail s’enliser dans une mauvaise direction. C’est aussi distribuer certaines tâches aux personnes les plus aptes à les réaliser, ou rediriger une recherche sur un autre axe de réflexion, voir une autre personne. Il faut parfois aussi trouver des astuces de production, par souci d’efficacité et d’économie. Par exemple, pour les plans de foules d’Arthur, nous avons crée un modèle de personnage basique (baptisé « pinpin ») multiplié et décliné dans des costumes variés, plutôt que de créer une centaines de personnages différents, ce qui aurait pris beaucoup de temps. La masse de travail aurait été disproportionnée par rapport à l’importance des plans.
La direction artistique consiste aussi à définir les « règles » de l’univers développé, et veiller à ce qu’elles soient respectées. Par exemple, les illustrations d’ambiances du village Minimoy sont travaillées dans des teintes chaudes, à dominante jaunes, pour créer une illusion d’humidité et de chaleur souterraine tout en privilégiant une sensation de confort. Ou encore, les Minimoys n’utilisent que des éléments naturels dans leur mode de vie. Les séïdes de Maltazard, au contraire, réhabilitent des éléments humains pour se faire des armures, de l’armement. Il est à noter que sur Arthur, cette phase à eu lieu en symbiose complète avec les autres designers, elle n’est pas le fait d’une personne.
Au delà de la partie créative, la position de directeur artistique consiste aussi à veiller aux besoins de l’équipe, matériels ou psychologiques. C’est également un poste médiateur entre l’équipe et le réalisateur, pour ce qui est de la validation des recherches, par exemple.

Quelles sont les qualités indispensables pour exercer votre métier ?

En dehors de l’aspect créatif et des qualités techniques inhérentes au monde de l’image, je crois qu’elles sont identiques à d’autres corps de métiers. Ma sœur, qui est de neufs ans mon aînée et exerce le métier d’ingénieur commercial en électronique, me parle souvent de problèmes qui sont étrangement similaires aux miens.
Construction de la silhouette définitive de Maltazard à partir des recherches déjà établies. Cette étape intermédiaire est la dernière avant l'exécution de l'illustration finale où l'ensemble est un peu plus tassé et le chapeau "pharaonique" simplifié.
Development of Maltazard’s final silhouette using pre-established elements. This intermediary phase is the last stage before the final illustration, in which the pharaoh’s hat is simplified and the whole body shortened.

Quels conseils donneriez vous aux personnes qui aimeraient travailler
dans l’animation ?


Avant tout, je leur dirais de ne pas oublier que c’est un métier de mercenaire. Je le signale en premier lieu car c’est un aspect souvent occulté par le voile poétique de la création. En effet, passer d’une production de quelques mois à une autre, sur un médium qui n’est pas toujours le même (animation, illustration, cinéma), signifie qu’il faut sans cesse être à l’affût de la prochaine opportunité de travail, alors que l’on est en train d’en faire un. Parfois tout va bien pendant un ou deux ans, parfois les événement ne s’imbriquent pas comme il faudrait et des périodes d’inactivités surviennent. Il faut les combler au mieux et surtout au plus vite, en prenant soins toute fois de ne pas faire tout et n’importe quoi, ce qui pourrait jouer en défaveur des qualités créatives.
Il faut aussi songer (soupir…) à tout ce qui concerne la gestion de son salaire ou de ses droits. Renseignez-vous bien sur la nature et l’usage qui sera fait de votre travail ! Il sera trop tard pour réclamer compensation si vous croisez vos images et vos créations sur des paquets de corn flakes alors que vous ne connaissez rien au merchandising…
En gros, soyez attentifs à la partie administrative avec votre employeur, partez sur des bases saines, bien établies, pour éviter les ulcères.
Pour la partie créative, je n’ai qu’un conseil à donner. J’ai choisi depuis le début de ma carrière d’opérer sur deux fronts distincts. Le premier concerne la partie alimentaire du travail, tout ce qu’il est nécessaire de faire pour subvenir à ses besoins par ses propres moyens. Il s’agit donc des travaux rémunérés de production, commandes et autres, qui servent à me nourrir en échange d’un savoir faire. C’est un domaine où il faut être entier tout en sachant faire les bonnes concessions, car en équipe, elles sont incontournables. Mais par ailleurs, j’ai toujours réservé un tiers de mon temps pour explorer d’autre rivages, d’autres techniques, d’autres médiums, et cela sans aucun gain financier, bien au contraire. C’est la seule façon que j’ai trouvé de conserver, voir augmenter ma créativité, et de préserver ainsi mon équilibre.
Bonne chance à tous !

D’où puisez vous vos idées, inspirations ?

Mon inspiration me vient de mes observations, de la vie de tout les jours. Ce sont les gens que je croise, la nature, une discussion, les étoiles. Tout ce qui m’entoure. Je crois que personne n’invente rien, mais certains d’entre nous sont capable d’assembler des morceaux que d’autres trouveraient sans intérêt pour en faire quelque chose qui ne laisse pas indifférent. Créer est un mot prétentieux, nous ne faisons tous que malaxer une glaise avec plus ou moins d’habileté, chacun à notre façon. Cette glaise est la même pour tout le monde. Parfois, un mot entendu au cour d’une conversation suffit pour imaginer tout un monde.


Adaptation d'une illustration en style BD/dessin animé.
Adaptation of an illustration in animated drawing style.

Qui sont vos modèles, mentors, sources d’inspiration ?

Comme je l’écrivais plus haut, je suis attaché à la littérature fantastique. Les auteurs qui m’ont donné envie de faire des images se nomment Jean Ray, Jack Vance, Fritz Lieber, Howard, Poul Anderson, Hodgson, Blish, également Barjavel et Claude Seignolle pour citer au moins deux Français (ils ne sont pas nombreux, mais quel talent !).
Côté peinture, j’aime les artistes qui font rêver comme Escher, Christensen, Bierstadt, Woodroffe, et aussi ceux qui ajoutent une note plus fielleuse comme Beksinski.

Quels outils, quel matériel utilisez vous pour créer ? (Ordinateur, logiciels, papier/crayon…)

Mon outil principal est Photoshop, il possède un registre complet qui me permet de m’exprimer comme je le souhaite, sans intermédiaire. Je ne fais plus que rarement des crayonnés et des scans avant de commencer une illustration. Je préfère démarrer directement sur machine. Je ne touche plus à la peinture (huile, gouache ou acrylique) que pour effectuer de grands et moyens formats sur des supports particuliers comme le bois. Dans ce cas ce n’est pas pour honorer une commande, mais par pur plaisir. Parfois, je fais un peu de modelage, quand le contact avec la matière brut me manque. J’aimerais beaucoup apprendre à maîtriser le bronze et la fonderie pour fabriquer des pièces de petites tailles. Je le ferais le jour où j’aurais la place d’aménager un atelier digne de ce nom.

ARTHUR

Vous travaillez sur le projet Arthur et les Minimoys depuis 1999. Comment êtes vous arrivé sur le projet ?


Patrice Garcia est un ami de longue date, nous avions déjà travaillé ensemble. Quand il à su que Arthur intéressait Luc Besson pour un long métrage, il m’a demandé de l’accompagner dans l’aventure. A l’époque, il logeait chez moi quand il venait sur Paris et je passais une partie de mes vacances chez lui dans le sud où nous échafaudions d’autres projets. Les choses se sont donc passées très simplement. Très rapidement, nous avons travaillé sur le pilote du film sur lequel j’ai préparé les éléments des digitals mattes. Puis nous avons monté l’équipe de design 2d, et nous étions d’accord pour qu’elle soit réduite afin de ne pas nous éparpiller.

Comment s’est passée la rencontre avec Luc Besson ?

Aussi simplement qu’avec n’importe qui d’autre. Il m’a serré la main en se présentant, « Luc », a-t-il dit.

Comment vous a t’il présenté son projet ?

Ce n’est pas lui qui me l’a présenté, mais Patrice. Plus tard, au fur et à mesure de l’évolution du film et du board, il nous a expliqué de manière plus précise ce qu’il souhaitait pour certains personnages, décors ou objets.


Adaptation d'une illustration en style BD/dessin animé.
Adaptation of an illustration in animated drawing style.


Quelles consignes vous a t’il donné?

Au début, aucune. Nous avons commencé très librement, dans une explosion de designs qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres. Mais il y avait une foule d’idées originales. Les outils étaient à notre choix, nous n’avions même pas de script. La seul consigne dont je me souvienne c’est qu’il fallait apporter un soin tout particulier à la princesse Sélénia. En effet, cette dernière devait faire chavirer les cœurs au premier regard. Tout un programme !

Avec qui et comment avec vous travaillé?

Nous avons travaillé à quatre personnes. Patrice Garcia, Nicolas Fructus, Georges Bouchelaghem et moi-même. Chacun choisissait ce qu’il voulait faire. Pour les personnages principaux nous avons tous fait plusieurs versions. Ensuite, nous avons choisi les meilleurs éléments (en suivant les souhaits de Luc) et nous les avons mélangés pour obtenir le résultat final.

Pouvez vous nous décrire étape par étape la création d’une scène d’animation ?

Théoriquement, cela devrait se passer de la manière suivante :
1. La séquence est écrite (dans le cadre du scénario).
2. Les éléments qui la composent sont dessinés en 2D (design personnages, objets, décors,).
3. La séquence est ensuite découpée en cases comme une BD (c’est le story-board).
4. Les éléments de design 2D sont ensuite modélisés, texturés et animés en 3D.
5. La séquence est parallèlement montée en 3D, puis finalisée avec les modèles définitifs.
6. On ajoute le son et la musique s’il y en a.
7. C’est prêt !


Booma, fidèle second de Max dans la gestion du Stunning Rapids Bar.

Avez-vous lu les 4 livres d’Arthur ? Si non pourquoi ? Si oui, qu’est ce que cela vous a apporté ?

Je les ai lu car pendant longtemps ils constituaient notre seul référence de travail (pour Arthur 1). Dans l’ensemble, je ne les considère que comme un outil de travail descriptif dans le cadre de mon métier de designer.

Quelles ont été vos relations avec Céline et Patrice GARCIA ?

Comme je le dis plus haut, je les connais depuis longtemps. Pour diverses raisons, le film n’a pas tout le temps été une partie de plaisir, il y a même eu des périodes de guerre ouverte. A présent, tout est calme.

Y a-t-il un personnage que vous préférez dans l’univers d’Arthur, si oui, lequel ?

Je n’ai pas de préférence particulière. Un peu peut-être pour Sélénia, c’est un personnage qui nous a donné du fil à tordre et à retordre. Au moment ou mes camarades n’en pouvaient plus de travailler dessus, je me suis acharné à donner le maximum pour exécuter un portrait de cette petite peste de princesse. En fait, je me suis beaucoup amusé !

Comment cela se ressent-t-il dans vos productions ?

Pour être très honnête, je ne crois pas que ça fasse beaucoup de différence. Je passe plus de temps sur mes recherches et je pousse le détail un peu plus loin. Mais cela se passe tellement dans l’infiniment petit que je suis le seul à voir le raffinement suprême !… A côté de moi, mes camarades soupirent en me voyant passer des heures sur un œil ou un bout de nez…

ARTHUR SUITES

Votre travail change t’il pour Arthur 2 et 3 ? (Directives, outils,…)

Tout pareil !

Vos relations avec l’équipe de travail, avec Luc ont-elles changées depuis le
début ?


Non.

Y aura-t-il des changements stylistiques importants ou les suites resteront fidèles au premier opus ?

A partir d’ici, je ne peux plus répondre aux questions concernant Arthur 2 et 3. J’ai signé une clause de confidentialité. Il faudra demander directement à Monsieur Besson.

Que vous a apporté Luc Besson à titre professionnel, et humain ?

A vrai dire, pas grand chose. Pour moi, c’est un employeur comme un autre et je m’efforce de répondre à sa demande. La seule différence majeure, c’est l’ampleur du projet et les moyens mis en œuvre pour le réaliser. Ce facteur pousse à se donner au maximum dans la qualité de création car on sait qu’il en sera de même à toutes les étapes et que cela se verra au final. Il est donc primordial que les designers qui sont à la source frappent très fort pour donner le ton.

Quels sont vos projets après Arthur ?

Il y en a plusieurs. D’abord je prends le temps de préparer des projets de séries d’animation, sous forme graphique et littéraire. Je suis également en train de développer un scénario de long métrage (en animation). Il y a un projet de BD avec mon camarade Georges Bouchelaghem, et un autre jeux de Tarot sur le feu ! J’ai également écrit un roman que je suis en train de démarcher et je prépare sa suite. Je songe aussi à une reconversion complète pour ouvrir une boutique de fleur avec ma femme, dont c’est le métier. C’est déjà pas mal, non ?
Recherches de design pour les personnages secondaires, habitants du village des Minimoys.Artilleur de la catapulte à groseilles à la retraite. Il profite désormais de son temps libre pour prendre de rafraîchissants bains de pieds.(1)Penseur minimoy vérifiant le potentiel humoristique d'un excellent jeu de mots.(2)Course-poursuite dans les gravillons.(3)Un puceron indigné fait des réclamations, sa colonie est régulièrement rackettée par un gang de fourmis rouges.(4)Un grand-père accompagne son petit-fils aux cours de casse-noisette.(5)
Studies of minor characters living in the Minimoy village.Retired gooseberry catapult operator. He now likes to relax by taking refreshing footbaths.(1)Minimoy intellectual checking the potential of a humorous pun.(2)A chase through the gravel.(3)An indignant aphid complains that his whole colony is regularly victimized by racketeering red ants.(4)A grandfather takes his granddaughter to nutcracking class.(5)

Sur quels projets et avec qui aimeriez-vous travailler par la suite ?

Je ne sais pas si j’aurais l’occasion de choisir et je me projette assez peu dans l’avenir de ce côté là. Je préfère me laisser séduire par la surprise et la qualité d’un projet plutôt que de dire que j’aimerais travailler avec Miyazaki ou Gilliam.

Quelles sont les 3 questions que vous aimeriez que l’on vous pose ?

Qu’y a-t-il après la mort ?
Et s’il n’y avait rien ?
Alors pourquoi ?

Quelles seraient les réponses ?
...

Quelles sont les 3 questions que vous n’aimeriez pas que l’on vous pose ?

Il n’y en a pas particulièrement. C’est plutôt une question de choix de l’instant, de pertinence et d’impertinence, de savoir vivre. Ces éléments peuvent avoir une importance capitale dans le fait qu’a certains moments, je ne supporte pas qu’on me pose une question ou une autre.

Et si vous étiez un Minimoy ?...

Bon sang ! Je serais vraiment tout petit !…

Merci à Philippe ROUCHIER

N'hésitez pas à consulter son magnifique site, d'où sont extraits les images et commentaires présentés ci dessus.

http://www.philippe-rouchier.com/
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