C’est ainsi que le rappeur devenu compositeur non seulement s’est occupé d’écrire pour BLADE TRINITY quatre chansons originales, mais a aussi participé à la supervision de la musique, sans compter sa collaboration à la partition du film.
Une rencontre qui ne manque pas de mordant !
THIRSTY
Pilier du célèbre groupe de rap Wu-Tang Clan, The RZA a changé à lui seul le visage du hip hop avec la sortie fracassante de Enter the Wu-Tang :36 Chambers. Ses rythmes bruts et puissants ont influencés la quasi-totalité des artistes et producteurs, et il a été demandé par les plus grands du mouvement rap et des autres courants, de Snoop Dogg à U2 en passant par Björk. Il a aussi créé un précédent dans l’industrie du disque en signant un contrat qui permettait à chaque membre du groupe de poursuivre en même temps une carrière solo avec d’autres labels. Mais l’artiste est également un assoiffé de culture. Autodidacte, il a étudié seul les sciences, la philosophie, la musique et les arts martiaux. Il cite volontiers le Coran, la Bible et le Sun Tzu. En 1999, il a été le premier rappeur à se produire au Temple Shaolin, vieux de 1500 ans, en Chine. Il a aussi effectué un pèlerinage au Mont Wu-Tang dans la province de Hebei. Une personnalité foisonnante et fascinante.
Le Wu-Tang Clan a été fondé à partir de la philosophie des moines Shaolin. Comment cette dimension orientale s’exprime-t-elle chez vous ?
RZA) Les Etats-Unis n’ont pas vraiment de fondements historiques. Notre histoire remonte aux temps de l’esclavage. Rien ne nous parle vraiment de nos origines. Avant Christophe Colomb et les pères fondateurs, il n’y a rien. Les films asiatiques au contraire nous parlent d’une histoire qui a plus de mille cinq cent ans. Et pour moi, voir ces films enfant, ce fut un peu comme un européen qui découvre des films sur Hercule et la Grèce antique. C’était découvrir un passé mythologique et magique. Des films de Kung Fu comme 36 CHAMBERS, souvent basés sur l’histoire de la Chine, ont grandement participé à mon inspiration. Je suis très vite devenu accro. A partir de là je me suis beaucoup intéressé à l’histoire pré occidentale. Musicalement, j’ai aussi été frappé par la musique traditionnelle asiatique, ses modes et ses sonorités et je me suis mis à les employer, notamment dans mes harmonies.
STARTING OVER
C’est en 1999 que Jim Jarmusch fait appel à lui pour écrire la musique de GHOST DOG: LA VOIE DU SAMOURAI, une plongée dans l’univers du cinéma qui ne sera pas sans conséquences, que ce soit dans le domaine de la musique de film, de la production de film (Z CHRONICLES), de la réalisation (TRAGEDY, BOBBY DIGITAL…). Il apparaît même devant la camera dans GHOST DOG, ou encore SCARY MOVIE 3.
Si l’on regarde l’ensemble de vos chansons, on remarque qu’elles racontent souvent une histoire.
RZA) Vous avez raison, la narration fait partie intégrante de beaucoup de mes chansons.
De fait, le lien paraissait naturel vers la musique de film.
RZA) Exactement. J’ai écrit ma première musique de film pour GHOST DOG. A cette époque je faisais partie du Wu-Tang Clan depuis quelques temps déjà et je voulais expérimenter d’autres choses. Pour moi, la musique vous crée des images dans la tête. Quand je produis un album c’est comme si je produis un film. Quand je fais venir des gens sur un album, je leur explique que je ne veux pas être coincé par des carrures de deux ou quatre mesures. Je veux des carrures de vingt mesures, de trente mesures qui me permettent de vraiment dire tout ce que je veux dire à travers ma musique. Et là, on me dit que ce n’est pas ça le hip hop. Avec la musique de film j’ai enfin trouvé le lieu où je peux faire cela, où je peux m’exprimer.
Comment en êtes vous arrivé à travailler pour Quentin Tarantino dans KILL BILL qui vous a valu d’être nommé aux BAFTA Awards ?
RZA) Quentin Tarantino est connu pour être un fan de film orientaux. C’est la première personne que j’ai rencontré qui en savait plus que moi sur le sujet ! Nous nous sommes rencontrés en 2001 alors qu’il venait de produire IRON MONKEY ; nous nous sommes alors lancés l’un l’autre le défi de savoir lequel d’entre nous avait vu le plus de films de Kung Fu. Notre amitié est née de là. Nous sommes devenus frères de Kung Fu. C’est alors qu’il m’a parlé de KILL BILL et de ce qu’il envisageait pour ce film. Moi de mon côté, j’ai toujours voulu être réalisateur et je lui ai demandé si je pouvais être son élève. Il m’a répondu que ce serait un honneur pour lui. J’ai beaucoup appris de lui, de sa façon de filmer, de la richesse des angles qu’il trouvait, et je lui ai dit : « si tu as besoin de quoi que ce soit au point de vue musical, n’hésite pas ». C’est au moment du montage qu’il m’a dit : « je voudrais que tu sois le compositeur de la musique de mon film. » Or je savais qu’il n’avait jamais fait appel à un compositeur par le passé. Ce qui fait que j’ai été très touché d’être son tout premier compositeur.
BLADE’S BACK
Pour son film, David S. Goyer voulait un son unique. Avec RZA, il a pu situer musicalement BLADE TRINITY dans le monde contemporain réel. Ce qui rend la confrontation avec Drake, ce Dracula moderne encore plus percutante...
Pour BLADE TRINITY, comment cela s’est-il passé ?
RZA) Pour ce film, les choses se sont passées de manière plus classique. Après le succès de KILL BILL VOLUME 1 et VOLUME 2, les gens du monde du cinéma ont commencé à m’appeler, moi ou mon agent pour me demander d’écrire la musique de leur film. Or, Wesley Snipes est un bon ami à moi. BLADE TRINITY était en cours de production et le poste de compositeur était vacant quand il a fait appel à moi. Je lui ai simplement dit : « je vais tout faire pour me rendre disponible pour toi. » A partir de là, j’ai pu rencontrer le producteur, le réalisateur et le superviseur de la musique et nous avons beaucoup discuté de l’ambiance particulière de ces films. Il voulait un compositeur qui puisse réellement apporter quelque chose de nouveau au film.
Qu’est ce qui vous a intéressé dans le personnage de Blade ?
RZA) J’adore les films d’action ! Et j’adore en composer la musique ! Prenez KIlL BILL VOLUME 1 et 2 ou GHOST DOG par exemple. C’est vraiment mon univers. Mais j’ai fait également la musique d’un film appelé SOUL PLANE qui est une comédie. Les gens qui ont vu le film l’ont beaucoup apprécié mais n’ont pas reconnu ma musique. BLADE TRINITY rassemble ces deux aspects, même si l’action est prépondérante et c’est cela qui m’a intéressé dans ce film.
Quel est le rôle des chansons dans BLADE TRINITY ?
RZA) Les chansons apportent une valeur inédite à ce dernier film de la série. Elles donnent le sentiment que Blade pourrait exister non seulement à New York mais également dans n’importe quelle cité moderne de la planète. Le rap est depuis longtemps le langage des cités où qu’elles se trouvent. Cela donne l’impression que le film pourrait se dérouler tout près de chez vous. Plus généralement, je pense que les studios ont été très avisés de me permettre de travailler à la fois sur les chansons et sur les partitions, en collaboration avec Ramin Djawadi, afin de faire en sorte que mes chansons s’intègrent parfaitement dans le tissu musical du film. C’est ce qui fait que la bande son de BLADE TRINITY est unique dans les annales de la musique de film.
Avez-vous été impliqué dans le choix des autres chansons du film ?
RZA) Tout le monde est venu avec ses propres idées de chansons. A commencer par le superviseur de la musique, mais aussi David S. Goyer, le réalisateur du film. Nous avons beaucoup échangé, beaucoup discuté, et je crois que l’on peut dire que le résultat final satisfait chacun au moins à quatre vingt pour cent. Notre seul véritable point de désaccord concernait la scène finale, dans laquelle Blade et Abigail décident d’aller sauver Hannibal. Je pense que j’avais trouvé la chanson parfaite pour cette scène, mais le réalisateur, qui fut également le scénariste des deux premiers opus de la saga, a estimé que c’était une bonne chanson mais qu’elle n’était pas dans l’esprit de BLADE. Et même si le superviseur de la musique était d’accord avec moi, c’est le réalisateur qui l’a emporté.
Comment avez-vous travaillé avant et après l’arrivée de Ramin Djawadi ?
RZA) Dès le départ je savais qu’il s’agirait d’une collaboration mais cela n’a pas fonctionné avec le compositeur prévu initialement. L’une des séquences test pour la musique était la fameuse séquence de poursuite en voiture entre Drake et Blade à travers la ville. J’en ai composé la musique avant que Ramin arrive sur le projet. J’ai conçu le rythme en laissant l’orchestration libre. C’est alors que Ramin est arrivé et a su rajouter en un rien de temps ses propres orchestrations. Je tiens à dire que l’implication de Ramin dans ce projet a été extraordinaire. Le jour où il est arrivé a été un grand jour pour moi. N’ayant pas la possibilité de faire mes orchestrations, il a su par son talent apporter une richesse inattendue à mes rythmes et à mes mélodies. Il m’a retiré une grosse épine du pied !
Ramin Djawadi et vous avez des parcours extrêmement différents. Est-ce que cela a posé des problèmes pour vous comprendre musicalement.
RZA) Pas du tout, car s’il est vrai que nous venons d’horizons très différents, nous avons tous deux un grand respect pour la musique en général et pour la musique de l’autre en particulier.
Ramin a un don pour comprendre les choses et les enrichir très vite. D’habitude, ce genre de chose prend du temps car ce type de collaboration est un travail très délicat. Ramin est un partenaire talentueux et rapide et les studios adorent cela. J’ai été sur ce projet pendant huit mois et lui a su lui donner une nouvelle dimension en deux semaines seulement. Son travail a reçu les félicitations de tout le monde et je lui prédis un grand avenir. J’ai eu grand plaisir à le côtoyer.
Quel est votre sentiment sur le coté hybride de la musique de BLADE TRINITY, entre techno et orchestre symphonique ?
RZA) Pour moi c’est une évolution naturelle de la musique de film. Le public a changé. Il est de plus en plus diversifié, tout comme ses attentes. Il faut s’adapter à ces changements et trouver un langage qui parle à chacun. Il y a tout cela dans la musique de BLADE TRINITY : de la techno, du hip hop et de la musique classique. Il y a même du reggae dans le morceau Daywalkers. C’est une musique urbaine, réunissant des styles présents dans toutes les villes du monde. Les créateurs du film ont compris à quel point la musique est importante et c’est pour cela que je pense que BLADE TRINITY est un pas en avant passionnant dans cette direction.
Votre voix est certes présente dans les chansons, mais également dans la partition.
RZA) Je ne vais pas vous raconter ma vie mais il y a longtemps j’ai fait partie d’un groupe appelé les Grave Diggers. C’était un style de hip hop très particulier. Au moment de faire BLADE TRINITY je me suis dit que c’était le film idéal pour renouer avec ce style hanté. J’ai immédiatement pensé à cela pour le personnage de Blade. Quand aux paroles, elles se rapportent aux deux personnages principaux du film Blade et Drake chacun étant le prototype d’une nouvelle race de vampire. Dracula est à l’origine de tous les vampires et Blade incarnant leur évolution. Il y a en moi un peu de ces deux personnages et mon interprétation vocale agit comme un lien entre les deux.
Pensez vous qu’il y aura un BLADE 4?
RZA) Je pense qu’il y a toujours une possibilité pour faire une suite à Hollywood. Le personnage de Blade est un grand personnage et la façon dont il a évolué montre qu’il y a toujours de nouvelles facettes à explorer. Mais plus encore, je pense qu’il y a beaucoup de possibilités du coté des nouveaux personnages de BLADE TRINITY, les Nightstalkers. Reprenez les bandes dessinées originales de BLADE et vous aurez une idée des possibilités de développement de la franchise.
Si cela était, aimeriez vous en faire partie ?
RZA) Oh, absolument, et à n’importe quel titre ! Mon expérience sur BLADE a vraiment été formidable, j’y ai rencontré des gens véritablement cools, à commencer par David S. Goyer. J’adorerais retravailler avec cette équipe.
Un grand merci pour avoir répondu à nos questions.
RZA) Respect.
HISTOIRE
_________________
A l’aide d’une manipulation d’image aussi géniale que machiavélique, les vampires ont réussi à piéger Blade : sur un document vidéo, on le découvre en train de massacrer... un humain. Pour le FBI, Blade devient l’ennemi à capturer. Pourchassé par les hommes et condamné par les vampires, Blade va devoir se battre sur tous les fronts. Les vampires, qui multiplient les alliances secrètes avec des humains renégats, sont sur le point d’utiliser son propre ADN pour ressusciter celui qui, il y a bien longtemps, fut le premier et le plus puissant d’entre eux. Entre course contre la montre et les pièges qui se multiplient, l’affrontement est total. Cette fois, Blade aussi va devoir montrer les crocs...
1. Fatal /
2. I Gotta Get Paid /
3. When The Guns Come Out /
4. Thirsty /
5. Daywalkers /
6. Party In The Morgue (Club Mix) /
7. Skylight /
8. This Blood /
9. Bombs Away (Danny Saber Remix) /
10. Weapons Of Mad Distortion /
11. Hard Wax /
12. Blade’S Back /
No comments:
Post a Comment